Voyage à la source 2020: famille Canales
C
ette année marque notre onzième année de collaboration avec la Famille Canales. Réputée pour avoir été la première ferme biologique à avoir gagné la première place à la Cup of Excellence du Nicaragua, la famille Canales continue de produire un café exceptionnel. Cette année, 2 nouveautés nous attendaient, ainsi qu’une moins bonne nouvelle.
D’abord, un des trois frères Canales, Norman, a acquis un nouveau lot. Il s’agit d’une ancienne ferme qui était détenue par une ONG et qui produisait différents fruits et café. Toutefois, la ferme était à l’abandon depuis 4 ans. Le lot, connu sous le nom de « Auxilio Mundial » est situé sur l’un des plus hauts sommets des environs, à plus de 1700m d’altitude. Si nous sommes en pleine période de sécheresse et qu’il fait généralement une chaleur écrasante sur le département d’Estelí, ce n’est pas le cas ici: l’air est frais, une douce brise caresse nos visages et la végétation est luxuriante. D’ailleurs, Norman entend laisser à l’état sauvage 50% de la superficie de sa ferme, afin de protéger un écosystème qui se fait de plus en plus rare. L’autre 50%, qui était déjà consacré à l’agriculture, sera dédié au café et plus précisément aux variétés Bourbon 300 et Geisha. Ici, le climat est si différent que la récolte s’effectuera jusqu’à trois mois après la principale récolte des environs.
La ferme produit actuellement un peu de café, laissé à l’état quasi sauvage. La variété présente nous est inconnue, mais certains indices nous pointent vers une variété éthiopienne hybride. Bien qu’une récolte quantifiable sera impossible cette année, nous avons hâte d’obtenir les premiers échantillons et de goûter à ce nano-lot très particulier, plus tard cet été.
D’ici, la vue est spectaculaire et on aperçoit sans difficulté la frontière avec le Honduras, à quelque 8km.
Deuxième nouveauté cette année: ce sera la première année que la famille Canales procédera au triage de leur café dans leur propre moulin. L’année dernière, ils avaient acquis ce moulin et l’avait utilisé que pour un ou deux lots, mais cette année, tout leur café sera trié via leur nouvelle Installation. C’est un accomplissement dont leur père n’est pas peu fier: leur papa, Daniel Señor Canales, venait ici même il y a plus de 40 ans porter ses toutes premières récoltes de café, alors que le moulin était la propriété du gouvernement autoritaire de l’époque. Jamais il n’aurait rêvé, même dans ses rêves les plus fous, que sa famille allait un jour devenir propriétaire de ces installations. Señor Canales ne se déplace plus autant qu’avant (il a sonné ses 85 bougies!) mais il était présent lors de l’inauguration et de la mise en marche de la machinerie. Nous avons eu un grand plaisir à le regarder inspecter les différentes stations et machines, avec satisfaction, avant de s’asseoir et de s’assoupir au son du vrombissement constant du triage du café.
Enfin, une dernière nouvelle en demi-teinte:
L’année dernière, la récolte fut amoindrie par une sécheresse importante. Même si le début de la récolte avait bien commencé avec de bonnes pluies qui donnèrent à la plante beaucoup de bourgeons, en absence quasi totale d’eau les caféiers finissent par avorter de certains grains pour maximiser leur énergie sur moins de grains et de cerise. Cela, théoriquement, a un effet positif sur la qualité du café: un arbre qui produit moins produit habituellement des cerises/fruits/grains plus concentrés, plus denses et donc généralement de meilleure qualité .
La contrepartie est toutefois évidente: beaucoup moins de rendement. Cette année la production serait environ 30% inférieure aux années antérieures.
Quoi qu’il en soit, ce fut un énorme plaisir de revoir toute la famille Canales. Après toutes ces années de visites (Milton est également venu au Canada), il s’est installé quelque chose qui va certainement au-delà du commerce et nous avons déjà hâte de les retrouver l’année prochaine.